Enquête SOS Villages d’Enfants Suisse 

15.05.2024 Accueil et protection

La population suisse se dit concernée par la question des enfants et des jeunes adultes en situation de vulnérabilité et pense que plus de moyens devraient y être alloués.

  • 4% des personnes interrogées pensent que la question des jeunes personnes en situation de vulnérabilité est un problème d’une certaine importance. Elles citent le cadre familial dysfonctionnel comme première cause de vulnérabilité.    
  • Dans l’ensemble, c’est un problème qui est jugé plus important en Suisse romande.
  • 80% des répondant·e·s estiment que les droits de l’enfant sont bien respectés en Suisse. Pourtant, les causes de vulnérabilité peuvent menacer, directement ou non, les droits de l’enfant.
  • Seulement 10% pensent que les pouvoirs publics offrent un bon soutien aux enfants et jeunes adultes en situation de vulnérabilité. 26% affirment que leur action est insuffisante.

A l’occasion de la Journée mondiale de la famille, SOS Villages d’Enfants Suisse publie les résultats de son enquête sur la perception qu’ont les Suisses et les Suissesses des enfants et des jeunes adultes en situation de vulnérabilité et du respect des droits de l’enfant dans le pays. Une majorité de la population considère que c’est une question importante et que les jeunes personnes vulnérables devraient être mieux prises en charge, notamment grâce à une action plus efficace des pouvoirs publics. En outre, la plupart des répondant·e·s estiment que les droits de l’enfant sont généralement bien respectés, sauf dans l’espace numérique où le constat inverse s’impose. Par la publication de ce rapport, la Fondation souhaite rappeler combien il est important de garantir aux enfants un cadre sécurisant et protecteur pour leur bon développement.

Réalisée au cours du mois d’avril 2024, cette enquête a recueilli les avis de près de 1’650 personnes âgées de 18 ans et plus, réparties de manière équitable entre la Suisse romande et la Suisse alémanique. Les résultats, publiés aujourd’hui, fournissent un éclairage sur les défis auxquels sont confrontés les enfants et les jeunes adultes grandissant dans des conditions difficiles et menaçant leur bien-être et sur les perceptions de la société suisse à leur égard.

«Nous avons entrepris cette enquête pour mettre en lumière l’importance cruciale de la protection des droits de l’enfant et de la promotion et du renforcement du cadre familial. Aujourd’hui encore, trop d’enfants et de jeunes adultes sont soumis à des violences ou sont séparés prématurément de leur famille. C’est le cas aussi en Suisse. Il est essentiel de permettre à ces jeunes personnes de grandir et de s’épanouir au sein d’un cadre adapté et c’est précisément ce que notre fondation cherche à accomplir depuis 60 ans.» déclare Alex de Geus, directeur de SOS Villages d’Enfants Suisse.

Des préoccupations alarmantes et plus marquées en Suisse romande  

Les résultats de l’enquête mettent en lumière une préoccupation généralisée au sein de la population suisse concernant les jeunes en situation de vulnérabilité. 74% des répondant·e·s accordent à cette question une certaine importance et ils sont même 38% à estimer que c’est un problème important (25%), voire très important (13%). Les résident·e·s romand·e·s sont particulièrement sensibles à cette question puisque seul·e·s 10% d’entre eux et elles voient ce problème comme peu important, contre 27% en Suisse alémanique. C’est également le cas des foyers modestes et des familles avec enfants, qui se sentent davantage concernés par cette question de société. Or les statistiques montrent que ces préoccupations sont justifiées, les cas de violence contre les enfants signalés par les cliniques pédiatriques suisses ayant augmenté de 11% en 2023 selon Pédiatrie Suisse.  

Parmi les causes de vulnérabilité identifiées par les répondants, le cadre familial dysfonctionnel (violence domestique, toxicomanie, etc.) arrive de loin en première position, étant désigné par 84% des personnes interrogées (90% des Romands), devant la santé mentale ou encore la pauvreté. Par conséquent, la protection contre la négligence et l’abus (78%) et le soutien émotionnel et psychologique (72%) arrivent logiquement aux deux premières positions des besoins considérés comme étant les plus pressants par les personnes interrogées.  

«Pour se développer et grandir, les enfants ont besoin de relations sûres et épanouissantes avec les personnes qui s’occupent d’eux. C’est essentiel à leur construction personnelle, leur estime d’eux-mêmes et au développement de leurs compétences sociales tout au long de leur vie. Ces compétences et ces traits de caractère contribuent à leur bien-être mental et influencent leur réussite scolaire et professionnelle à l’âge adulte.» ajoute Alex de Geus.  

Le respect des droits de l’enfant n’est pas une inquiétude, sauf dans l’espace numérique  

Si la plupart des répondant·e·s accordent de l’importance à la question de la vulnérabilité des jeunes, une grande majorité d’entre eux et elles (80%) estiment que les droits de l’enfant sont globalement bien respectés, ce qui peut sembler paradoxal. En effet, les causes désignées de vulnérabilité peuvent porter, directement ou non, atteinte aux droits de l’enfant. En outre, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU, dans ses recommandations pour une meilleure mise en œuvre de la Convention relative aux droits de l’enfant en Suisse livrées en octobre 2021, faisait état de plusieurs manquements préoccupants de notre pays dans la protection des droits de l’enfant. Étaient notamment mentionnés un manque de données significatives disponibles concernant la violence contre les enfants et l’absence d’une stratégie nationale pour la mise en œuvre des droits de l’enfant.  

L’enquête de SOS Villages d’Enfants Suisse révèle néanmoins une inquiétude certaine des répondant·e·s s’agissant du respect des droits de l’enfant dans l’espace numérique. Ainsi, 75% des Suisses et Suissesses jugent que ces droits ne sont pas suffisamment respectés sur internet, parmi lesquels 26% pensent qu’ils ne sont pas respectés du tout. Parmi les pratiques jugées les plus inacceptables figure en premier lieu, pour 73% des personnes interrogées, le «sharenting», autrement dit la publication de photos de ses propres enfants sur les réseaux sociaux.  

Des mesures de soutien qui devraient être renforcées  

Face à la reconnaissance des besoins des enfants et des jeunes adultes en situation de vulnérabilité, l’opinion semble assez divisée sur la question de l’efficacité de l’action des pouvoirs publics. Même si plusieurs cantons de Suisse romande, dont le canton de Vaud avec un nouveau plan de 80 millions de francs pour la protection de l’enfance, ont récemment mis la thématique à l’agenda politique, une majorité des personnes interrogées (52%) estiment que les services de l’administration publique destinés aux jeunes personnes vulnérables pourraient être améliorés. En outre, un quart (26%) pensent que les pouvoirs publics n’en font pas assez. Seulement 10% des Suisses et des Suissesses estiment que les pouvoirs publics offrent un soutien entièrement suffisant à ces jeunes vulnérables.  

Parmi les mesures identifiées comme devant être prioritaires, sont cités un renforcement des programmes de soutien éducatif et psychologique pour 64% des répondant·e·s (70% en Suisse romande), un meilleur accès aux logements abordables pour 50% des sondé·e·s et une amélioration des services de protection de l’enfance pour 47% d’entre eux et elles (55% en Suisse romande). Également questionné·e·s sur leur volonté d’aider et de s’engager, les Suisses et les Suissesses ne font pas cause commune puisque seulement un quart (24%) se disent intéressé·e·s par des opportunités de soutien aux enfants et jeunes adultes vulnérables, alors que la même proportion (22%) ne se dit pas intéressée. Le bénévolat est identifié comme la forme d’engagement la plus attrayante (46%), suivie du soutien scolaire (39%), des dons (36%) et du soutien administratif (34%).

«La préoccupation généralisée exprimée par les Suisses et les Suissesses quant à la vulnérabilité des enfants et des jeunes adultes est un appel clair à une action renforcée. Les cas de violence avérés sont en augmentation et la situation s’est aggravée depuis la crise du Covid, la précarité de certaines tranches de la population n’allant qu’en s’intensifiant. Nous devons redoubler d’efforts pour garantir aux jeunes personnes un cadre familial sain, leur offrir un soutien émotionnel et psychologique, et leur assurer un accès à un logement stable. C’est avec cette ambition que nous avons lancé le projet pilote CAREer en 2023. Ensemble, avec la société suisse, nous pouvons et devons faire mieux pour ces jeunes en situation de vulnérabilité.» déclare Alex de Geus.

Le projet pilote CAREer de SOS Villages d’Enfants Suisse

En 2023, SOS Villages d’Enfants Suisse a lancé dans le canton de Berne un projet pilote baptisé CAREer. Ce projet vise à soutenir et accompagner les jeunes adultes ayant besoin de soutien dans leur passage à la vie adulte et au monde du travail, en partenariat avec des entreprises du canton. Faisant la promotion de l’égalité des chances et de la capacité de travail des jeunes quittant les systèmes de prise en charge, la fondation vise à soutenir ces derniers et à les armer pour leur avenir. Le projet pilote se poursuivra jusqu’à la fin de 2024, pour un lancement à grande échelle en 2025 du premier programme autonome en Suisse de SOS Villages d’Enfants Suisse.  

Les résultats de l’’enquête sont disponibles en intégralité au lien suivant.

Responsable Contenus :

Cornelia Krämer

En tant que responsable du département Communication, je m'engage au quotidien pour que les enfants puissent être des enfants, quel que soit l'endroit où ils grandissent dans le monde.

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