Première étude mondiale sur les séparations familiales

29.10.2024 Accueil et protection

Dans le monde, on estime que 220 millions d’enfants grandissent sans leurs parents ou risquent d’en être séparés. SOS Villages d’Enfants a commandé la première étude mondiale à ce jour analysant les causes de ce phénomène. Principal résultat : de nombreuses séparations seraient évitées si les familles étaient systématiquement aidées. Autre conclusion importante : dans le monde entier, les mêmes facteurs conduisent à la perte de la prise en charge parentale, indépendamment de la prospérité ou de la structure sociale du pays. 

L’étude sera présentée officiellement aujourd’hui, à l’occasion de la Journée internationale des soins et de l’assistance, au siège des Nations Unies à New York. Des scientifiques d’institutions académiques de renommée internationale1) ont interrogé des enfants et des jeunes dans huit pays (Danemark, Côte d’Ivoire, El Salvador, Indonésie, Kenya, Kirghizstan, Liban et Uruguay), se sont entretenus avec des parents et des professionnels et ont mené des enquêtes en ligne avec des spécialistes de la protection de l’enfance. Au total, 1100 personnes2) ont été interrogées. 

 

Lien structurel entre pauvreté et violence domestique

Les causes des séparations familiales peuvent se classer en trois catégories :
1.    Facteurs sociaux : insuffisance de la protection sociale, violence au sein de la communauté, crise climatique, etc.
2.    Facteurs familiaux : décès, handicap, divorce, toxicomanie, etc.
3.    Facteurs systémiques : dysfonctionnements des systèmes de protection de l’enfance conduisant à de mauvaises décisions.
 

Chrissie Gale, directrice d’études, directrice de Child Consulting Ltd. et chercheuse bénévole à l’Université de Strathclyde, explique ainsi : « L’étude montre qu’en raison d’une combinaison de facteurs, de nombreux enfants sont inutilement placés en prise en charge alternative. Parmi les causes de ce phénomène, on peut citer des facteurs sociaux, telles que la pauvreté et la violence intergénérationnelle auxquelles sont exposées les familles, le manque de capacités de certains parents à s’occuper correctement de leurs enfants et les carences des systèmes nationaux de protection de l’enfance. » 
La violence domestique et les structures de violence ancrées dans la société constituent également des facteurs aggravants. Plus de 40 % des 228 spécialistes qui ont participé à l’enquête en ligne estiment que les enfants sont souvent retirés de leur famille en raison de la violence domestique. En outre, de nombreuses personnes interrogées considèrent que la violence domestique est directement liée à la pauvreté, qui accroît le stress et conduit à la dégradation des relations. Dans certains pays, comme le Kirghizstan et l’Indonésie, la pauvreté est la raison pour laquelle les parents cherchent du travail dans des régions éloignées et laissent leurs enfants derrière eux.
Dans le monde entier, les systèmes sociaux ne rempliraient pas leur mission, qui est de contrecarrer ces phénomènes et d’aider systématiquement les familles. Chrissie Gale poursuit : « Des directives internationales obligent les États et les organisations à traiter les causes de la séparation familiale. Notre étude montre que celles-ci ne sont pas pleinement respectées. » 

Appel à l’investissement dans les systèmes de protection de l’enfanceSOS Villages d’Enfants recommande une approche de lutte contre les causes des séparations en trois piliers et appelle les gouvernements et les organismes internationaux à renforcer les familles, les sociétés et les plans de protection. « Une prise en charge insuffisante a des conséquences durables, et même intergénérationnelles », indique Dereje Wordofa, président de SOS Villages d’Enfants International. Il souligne qu’à cause du manque de soutien institutionnel, des enfants passent entre les mailles du filet.
SOS Villages d’Enfants appelle les gouvernements à investir davantage dans les systèmes préventifs de protection de l’enfance, les programmes de lutte contre la violence et les systèmes de protection sociale. « Les conséquences à long terme d’une prise en charge insuffisante sont profondes et s’étendent à la génération suivante. Il est donc essentiel de renforcer les systèmes préventifs de protection de l’enfance afin d’éviter les séparations familiales et d’offrir aux enfants un avenir sûr », souligne Alex de Geus, directeur de SOS Villages d’Enfants Suisse.
 

 

 

1) États-Unis : Brown University, www.brown.edu ; Danemark : Københavns Professionshøjskole, www.kp.dk : Côte d’Ivoire : International University of Grand Bassam, www.iugb.edu.ci ; El Salvador : Universidad Tecnológica de El Salvador, www.utec.edu.sv ; Indonésie : Universitas Islam Bandung (UNISBA), www.unisba.ac.id ; Kenya : Daystar University, www.daystar.ac.ke ; Kirghizstan : American University of Central Asia (AUCA), www.auca.kg ; Liban : Université Saint-Joseph de Beyrouth (USJ), www.usj.edu.lb ; Uruguay : Universidad Católica del Uruguay, www.ucu.edu.uy

2) L’étude a été réalisée entre septembre 2022 et septembre 2024. Au total, 1100 personnes (membres de programmes de SOS Villages d’Enfants, d’organisations partenaires ou d’écoles locales, et personnes vivant dans des quartiers défavorisés) ont été interrogées. Les personnes interrogées sont d’âge, de sexe, d’origine ethnique, de religion et de compétences diverses.

Responsable Contenus :

Cornelia Krämer

En tant que responsable du département Communication, je m'engage au quotidien pour que les enfants puissent être des enfants, quel que soit l'endroit où ils grandissent dans le monde.

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